Des indices trompeurs


   C’est en lisant l’écume des jours que j’ai pu remarquer l'importance que la superficialité occupe dans notre monde. Aveuglés par la banalité de notre fonctionnement sociétale, Vian nous fait lourdement songer à propos de la pertinence de cette dernière à travers la métaphore et la comparaison. Dans notre société, il serait absurde de nier la présence de la superficialité entre autre sur les réseaux sociaux, sur le marché du travail et aussi à propos des salaires. Cependant, tous le monde terminent par s'habituer à sa présence à force d'en être entourés. Lors de la lecture de l’oeuvre de Vian le lecteur est submergé dans un monde où le travail est associé à l'échec et où la  paresse rhyme avec le succès. Dans cet univers ni-queue ni-tête, le métier de l'un influence le niveau de respect de la société à son égard. Les intellectuels ont une connotation négative propre à eux qu’on associerait à un délinquant dans le monde réel. Vian fait un parallèle à notre monde en inversant le mode de jugement de l'humain lorsqu'ils doit émettre une première impression d'autrui. En 2019, chacun utilise divers moyens d'établir une première impression à propos d'un autre. Cet opinion est souvent influencée par le prestige de leurs profits monétaires, par leurs nombres d'abonnés Instagram ou même par leurs niveau d'étude. Cependant, ces indicateurs sont souvent biaisés et ne reflètent pas adéquatement la réalité. Ces derniers sont utilisés dans notre monde aussi bien que dans l’univers de Vian. Lorsqu’un personnage parle à quelqu'un d'un ami ou d'un proche, cette courte introduction est souvent accompagnée du métier de celui-ci. Autrement dit, son statut social.« Oui, il est professeur au Collège de France et membre de l'institrut ou quelque chose comme ça… Dit Alise, c'est lamentable à trente-huit ans. Il aurait pu faire un effort.»( p.44)  Cet indicateur sert  malheureusement d'indice afin d'aider le personnage à créer une impression biaisée et superficielle de l'autre.

  L'abondance de superficialité dans l’écume des jours me rappelle un épisode de la série Black Mirror. Dans celui-ci, l'héroïne vit dans un monde légèrement plus scientifiquement développé que le nôtre et où la réputation est utilisée comme indicateur de succès. Les gens de cet univers utilise un appareil semblable à un cellulaire pour attribuer une notation aux autres citoyens qu’ils côtoient selon leurs niveaux de courtoisie. La narratrice commence avec un score frôlant la perfection et au fur et à mesure de l'histoire, la malchance qu'elle encontre affecte négativement son score. Ce système fondé sur l'hypocrisie me fait penser à l'oeuvre de Vian. Plus précisément, lorsque Colin doit magasiner un service funéraire pour  Chloé. Ayant perdu sa fortune ainsi que son statut social, le prêtre ne lui démontre aucune empathie pour la perte de son épouse et tente sans cesses de lui vendre des services plus dispendieux à l'insu de sa situation. Dans un univers où l'argent agit comme preuve d’amour, Colin ne peut se payer des funérailles à la hauteur de son affection pour Chloé et ce, en raison de son statut social ainsi que de son salaire. Dans Black Mirror, la narratrice se retrouve dans une bien mauvaise situation. Son bas pourcentage de réputation l’empêche de louer une voiture convenable qu'elle avait désespérément besoin pour se rendre au mariage de sa meilleure amie. Elle se rend plusieurs heures en retard au mariage où elle découvre peu après qu'elle n'est plus invitée en raison de sa chute en score de réputation. Ces deux univers différents possèdent plusieurs similarités dans leurs modes de fonctionnements. L'argent est souvent associé au statut social, qui lui, est à son tour associé au niveau de respect que les autres ont pour toi. Dans les deux histoires, le personnage commence au sommet des échelons sociaux et termine au seuil de la pauvreté. Dans Black Mirror, la pauvreté est émotionnelle car elle affecte le respect alors que dans l'oeuvre de Vian, la pauvreté monétaire est victime d'une corrélation directe avec le statut social. En conclusion, Black Mirror et l’écume des jours utilisent deux moyens différents de représenter une semblable satire à propos de la Terre et de son fonctionnement superficiel.

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