L’amour fou


    L’amour s’agit d’un thème important et récurrent dans L’écume des jours. Il est possible de faire un lien entre le roman et la citation suivante d’Alexandre Dumas: « Quel sublime enfantillage que l’amour!» Cette phrase exprime, selon moi, que nous retournons en enfance lorsqu’on tombe amoureux si l’on prend en considération notre naïveté et notre rapidité à vivre diverses expériences.

    Au départ, alors que Colin n’a guère rencontré Chloé, il apparaît  amoureux à l’idée d’être amoureux puisqu’il a observé son ami Chick, heureux avec sa nouvelle copine. Ceci se révèle assez enfantin: « Mais, Nicolas, dit Colin, j’ai tant envie d’être amoureux... » (p. 62) Vian accentue même sa critique en décrivant Chloé comme une femme n’ayant rien de spécial, avec laquelle on n’aurait pas nécessairement de coup de foudre. Ensuite, un lien peut se faire avec la vie de l'auteur. En effet, Vian n’a pas pu vivre son enfance comme un véritable enfant. Ceci est reflété dans son roman; ses personnages demeurent des fillettes et des garçon et ils évoluent à un rythme extrêmement rapide. La relation de Colin et de Chloé se développe à grande vitesse. En vérité, peu de temps s’écoule entre le moment de leur rencontre et celui de leur mariage. D’ailleurs, ceci entre encore en application de nos jours. Les amis de coeur se précipitent et nous prenons moins le temps de connaître les personnes que nous fréquentons. On se presse, selon moi, pour atteindre la réalité stéréotypée d’amour, mariage, bébés, retraite.

    Alors, la question se pose: le côtoiement des deux individus du roman est-il «sublime» comme Dumas l’a si bien dit? D’après moi, leur relation peut être qualifiée de sublime puisqu’elle reste enfantine. À dire vrai, avant que notre chère Chloé tombe malade, les instants que les tourtereaux passent ensemble les rendent brièvement fondamentalement heureux. Par contre, comme Boris l’a démontré, toute bonne chose à une fin et il s’agit d’enfantillages de croire que le bonheur durera pour toujours. On observe le même phénomène entre Chick et Alise. Au tout début, l’amour fou les maintient dans une phase de lune de miel. Quand la réalité cogne à la porte, les beaux moments se dispersent, laissant place à une finalité tragique.

    Donc, la citation d’Alexandre Dumas s’applique parfaitement à l'oeuvre L’écume des jours en raison de la façon d’être amoureux dans le roman.



Le roman de Boris Vian peut facilement être comparé à la pièce de Shakespeare: Roméo et Juliette. Bien entendu, plusieurs parallèles sont observables.

    Premièrement, dans les histoires d’amour respectives des personnages, le monde entier semble vouloir séparer les couples en question. Dans notre livre, la maladie de Chloé freine de manière définitive son lien avec Colin. Dans le cas de Chick et Alise, l’obsession grandissante de l'amateur de Jean-Sol Partre envers cet idol démantèle peu à peu sa lune de miel . Dans Roméo et Juliette, l’entourage et les familles ennemies des deux jeunes les empêchent de se voir en toute liberté.

    Deuxièmement, cette idée d’exister que pour l’amour semble commune aux deux oeuvres. Dans celle de l’auteur français, l’évolution psychologique de Colin nous le prouve. En effet, l’attitude de ce dernier se transforme parallèlement à la maladie de Chloé. Dès les premières pages, on remarque la naïveté, la bon humeur et la richesse de ce personnage. Par la suite, alors que la santé de Chloé se désintègre, on le verra devenir triste et ruiné, essayant de sauver, grattant ses doublezons, l’image de celle avec qui il était tombé en amour. Malgré ses efforts à garder sa chérie en vie; vendre son pianocktail, se trouver multiples emplois, remplir sa chambre de fleurs, etc, elle mourra à la fin du roman, laissant Colin ainsi que son appartement dépourvus de joie de vivre: « On ne pouvait plus rentrer dans la salle à manger, le plafond rejoignait presque le plancher auquel il était réuni par des projections mi-végétales mi-minérales, qui se développaient dans l’obscurité humide. » Dans la pièce de théâtre, on observe presque la même routine. À la rencontre du Montaigu et de la Capulet, le bonheur éternel semble inévitable et leur sentiments grandissent tout au long de l’histoire. Alors, lorsque Roméo aperçoit Juliette «morte» dans son cercueil, il n’a pas d’autres choix que de se tuer lui-même, ne pouvant pas exister sans cet attachement. Donc, les deux récits se rejoignent de cette manière.

    J’ai choisi ces deux oeuvres puisque cette comparaison démontre que l’amour traverse le temps et les époques. Je trouvais aussi intéressant de constater que ce thème reste enfantin du moment où le poète célèbre écrit, jusqu’aux années de Vian, jusqu’à aujourd'hui. Ces deux oeuvres évoquent chez moi du regret quand je réalise qu’on écrit seulement sur l’amour impossible et non sur l’amour concevable.

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